Les aventures de l’Homme à la casquette plate et de la Maison de soie ont été, d’un certain point de vue, les plus sensationnelles de la carrière de Holmes. Seulement, à l’époque, il m’a été impossible de les raconter pour des raisons qui apparaîtront clairement au lecteur. Cependant, j’ai toujours eu le désir de les écrire, afin de compléter le canon holmésien.
C’était impossible plus tôt : les événements que je vais décrire étaient trop monstrueux, trop choquants pour être imprimés. Ils le sont toujours aujourd’hui. Je n’exagère rien en affirmant qu’ils pourraient mettre à mal le tissu tout entier de notre société, ce qui, particulièrement en temps de guerre, est une chose que je ne peux risquer. Une fois ma tâche accomplie, à supposer que j’aie la force de la mener à bien, j’empaquetterai le manuscrit et je l’enverrai dans les coffres de Cox and Co., à Charing Cross, où certains autres de mes papiers personnels sont conservés. Je donnerai comme instruction que, de cent ans, le paquet ne devra pas être ouvert. Il est impossible d’imaginer à quoi le monde ressemblera alors, mais peut-être mes futurs lecteurs seront-ils mieux immunisés contre le scandale et la corruption que mes contemporains. Je leur transmets ici un dernier portrait de Mr Sherlock Holmes.
Dr John Watson
Tout d'abord, je tiens à signaler que je suis une immense fan de Sherlock Holmes, comme le prouve mon appartenance à la Société Sherlock Holmes des Dillettantes, et que tout pastiche me fait un peu peur car je crains toujours de ne pas retrouver l'ambiance si particulière que parvenait à créer Arthur Conan Doyle. Mais, je vous le dis tout de suite, j'ai été littéralement scotchée par le talent d'Anthony Horowitz !
Nous nous retrouvons au début de l'histoire avec un cas en apparence banal : un marchand d'art est suivi puis victime d'un cambriolage. Rien qui ne semble très attirant pour notre détective, mais c'est sans compter sur les rebondissements inattendus qui vont densifier l'enquête et nous faire passer, pauvres lecteurs, des opulents manoirs aux plus sordides bas-fonds de Londres.
L'auteur parvient avec une incroyable justesse à continuer dans la lignée de son illustre modèle. Les personnages sont fidèles à eux-mêmes, bien que je n'aurais pas renâclé à voir un Holmes plus caustique tel que l'on a pu le voir dans certaines de ses aventures. Le narrateur est, bien évidemment, ce bon Docteur Watson, qui tient un rôle plus important, je trouve, que dans le Canon, bien que Holmes soit toujours un pas en avant sur lui. Mais là où Horowitz apporte sa pierre à l'édifice, c'est dans la description de la société londonienne de 1890, dans ses bons mais surtout dans ses mauvais côtés. L'on assiste à une réflexion de Watson sur la société de l'époque et sa non considération envers certaines couches de la population, comme les orphelins.
Du côté de l'intrigue, tout est rondement mené. On ne sait jamais de quel côté de la loi se trouvent les personnages et l'on assiste à des retournements de situations parfois surprenants ! On retrouve également avec plaisir tous les personnages du Canon : Mycroft, Lestrade, Mrs Hudson, les Irréguliers de Baker Street... De nombreuses références aux autres affaires du duo m'ont fait sourire. Et la révélation finale ne peut que vous surprendre !
A coup sûr, nous tenons là le digne successeur de Sir Arthur Conan Doyle, qui, il est important de le signaler, a été publié avec l'autorisation des descendants de l'auteur, une assurance de plus de la bonne qualité de l'oeuvre !
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